"On ne nous a jamais demandé notre avis"
Depuis 2019, Women's Hope gère au Tchad, en collaboration avec l'organisation partenaire BASE, le projet "Soins de santé mère-enfant renforcés en impliquant les communautés villageoises". Dans une interview écrite avec Moustapha Mahamat Malloum, chef de projet, et le Dr Ahmat Ousmane Malick, responsable du programme, nous avons parlé de leurs expériences.
Pourquoi est-il important de renforcer l'engagement des communautés villageoises ?
M. Moustapha - Ce projet est le premier de ce type dans cette partie du pays. "C'est la première fois que nous pouvons donner notre avis sur notre santé", me disent les participants. Les communautés peuvent jouer un rôle de premier plan dans le développement de leur santé en identifiant les problèmes de santé, en s'impliquant avec les ressources financières et humaines nécessaires et en assumant davantage de responsabilités. La communauté ne devrait pas se sentir exclue de la gestion de sa propre santé.
Dr. Ahmat - En aidant les communautés à s'engager dans ce processus, nous les renforçons, notamment en ce qui concerne leurs droits et leurs obligations vis-à-vis des autorités. Ce soutien leur donne la possibilité de prendre les choses en main. En fin de compte, le projet vise à donner aux individus un plus grand contrôle sur leur propre santé.
Dans notre projet, nous utilisons la méthode "Participatory Community Assessment" pour analyser les besoins. Les communautés villageoises sont réparties en différents groupes de discussion et interrogées sur leurs expériences et leurs besoins. Quelles sont les avantages de cette approche, quels sont les défis ?
Dr. Ahmat - C'est un outil de planification important, parce qu'il tient compte des problèmes réels de la communauté. Mais s’il est mal préparé ou mal réalisé, il peut y avoir des malentendus ou des conflits entre le personnel soignant et les villageois.
M. Moustapha - L'approche aide la communauté à analyser en profondeur les problèmes de santé et vise également à renforcer les connaissances et les compétences au niveau individuel et au niveau du groupe. L'accès aux services de santé et l'utilisation de ces derniers sont déjà améliorés. L'inconvénient est que parfois des désaccords entre les bénéficiaires et le personnel de santé se produisent. Une fois qu'ils ont compris le fonctionnement du système de santé, les villageois posent davantage de questions et demandent des comptes, ce qui entraîne ici et là parfois de la frustration.
L'approche participative est-elle particulièrement adaptée pour promouvoir la santé des femmes ?
M. Moustapha - Si la communauté se sentait dans son ensemble pris au sérieux pendant le processus, le processus peut faire bouger les choses. Les femmes constituent deux des cinq groupes de discussion - leurs préoccupations sont donc certainement prises en compte.
Dr. Ahmat - Le processus donne une voix aux femmes. Elles peuvent parler de leurs problèmes et partager leurs expériences. Au début, elles étaient parfois timides, mais dès que les sujets qui les concernaient ont été abordés elles prenaient la parole et commençaient à raconter leurs histoires.
Quelles sont les fractions au sein des communautés importantes (chefs de village, femmes, anciens du village) pour un changement de comportement en matière de santé des mères et des enfants ?
M. Moustapha - Tout le monde doit être impliqué pour que tous puissent s'épanouir. Si l'épouse ou l'enfant est malade, le mari souffre aussi - et vice-versa. En tant que chef de famille traditionnel, l'homme est la première personne qui est appelé en cas de maladie au Tchad. Il reste une pièce importante du puzzle.
Dr. Ahmat - Tous les groupes sont importants et chacun est impliqué dans une certaine mesure, mais pour moi, les femmes sont au centre de ce changement ; elles doivent assumer la responsabilité et être à l'origine du changement.
Moustapha Mahamat Malloum, chef de projet (à gauche) et Dr. Ahmat Ousmane Malick, responsable du programme.
Partenaire: BASE
Notre projet au Tchad
Amélioration de la santé de la reproduction en collaborant avec les communautés
Depuis l'automne 2018, Women's Hope International est en partenariat avec BASE (Bureau d'Appui Santé et Environnement) afin d'améliorer les soins de santé maternelle et infantile dans le Sanatorium d'Abougoudam, dans la région de Ouaddaï, à l'est du pays.